PHOTOGRAPHIE
« EN VILLE »
Paris/New York
« La ville d’Alexis Duclos porte notre mémoire. Elle la métamorphose en objet d’art. » Fabrice d’Almeida, historien.
“The city of Alexis Duclos carries our memory. It transforms it into an object of art.” Fabrice d’Almeida, historian.
La lumière s’empare de la rue, puis rebondit sur les murs pour éclabousser des ombres qui s’enfuient.
C’est la fin de l’été. Les ombres se cachent derrière les murs pour laisser le soleil embrasser la passante
A cette heure, la lumière de l’Ouest réconforte les colonnes en pierre. Un homme flirte avec le vide.
Une ombre froide balafre la rue de Rivoli qui va se perdre dans la ville
La ville se pare de blanc pour envelopper les jeunes mariés
… Il arrive parfois qu’un tour de manège vous envoie au-dessus des toits de Paris !
Les mouettes surveillent les enfants
Dans la lueur rasante de la fin du jour, le jeu de cache-cache est ouvert !
Photographier en ville, c’est ne rien prévoir, ne rien espérer, mais tenter de séduire le hasard.
« Photographier en ville, c’est ne rien prévoir, ne rien espérer, mais tenter de séduire le hasard. » Alexis Duclos
« Photographing in the city means planning nothing, hoping for nothing, but trying to seduce chance. » Alexis Duclos
La ville à travers les yeux d’Alexis Duclos
« Paris est une solitude peuplée » écrivait François Mauriac. Cette solitude Alexis Duclos la métamorphose en art. Dans son dernier projet « En Ville ! », il partage le portrait d’un Paris poétique et inattendu.
« La ville, c’est la civilisation. C’est le lieu de tous les possibles », dit le photographe Alexis Duclos « Dans la ville, il n’y a que le citadin perdu au milieu de l’immense urbanité. Alors pour la photographier, les ingrédients sont : l’espace, la lumière et la chance… »
Photographe pour Associated Press puis à l’agence Gamma, il troque aujourd’hui la photo documentaire pour une flânerie parisienne et New-yorkaise , saisissant des instantanés spontanés avec humour et émotion.La ville est en effet au centre de toutes les attentions. Luxe, mode, musées, théâtres, cinémas, restaurants…. Tel un poème urbain, elle s’expose et réveille notre imaginaire.
Jeux d’ombres dans la ville lumière
La perspective, les silhouettes, la symétrie, les contrastes et la parfaite maîtrise des ombres sont les outils du photographe pour capturer la beauté de la ville. Exhibant l’élégance du noir et blanc, il accorde un soin judicieux à la structure, aux formes et aux atmosphères. Tout est affaire de contraste et de rupture. En ville, rien ne bouge. Ce ne sont que de grands murs inertes et des pavés. Les façades filantes épousent le ciel. Le photographe crée une ville géométriquement régulière.
Dans les rues plus ou moins fréquentées, les avenues commerçantes, ou à la piscine municipale, il nous invite à déambuler à ses côtés. On arpente la ville au rythme des passants, sans cesse en mouvement. Car dans son ossature immobile, les promeneurs s’activent. On danse, on s’embrasse, on nage. On y pédale en « vélocipède » les cheveux dans le vent. Instants volés, moments insolites, les scènes du quotidien sont joyeusement détournées. Dans le Paris d’Alexis Duclos, les mouettes surveillent les enfants au parc, et le fantôme du Louvre se niche sous l’Arc de triomphe de Christo. Le photographe s’improvise magicien. Jouant avec les angles de vues, il fait voler les passagers d’un manège au-dessus des toits de Paris. Suspendus dans le vide, ils se confondent presque avec les oiseaux. La ville est libre et rend libre. L’humanité retrouve sa place dans ce cadre un peu trop figé.
Clin d’oeil à l’inattendu
« La lumière s’empare de la rue, puis rebondit sur les murs pour éclabousser des ombres qui s’enfuient. La ville se pare de blanc pour envelopper les jeunes mariés et se maquille en gris pour saluer un chat noir qui passe. Photographier en ville, c’est ne rien prévoir, mais tenter de séduire le hasard. » écrit Alexis Duclos. Le bouton de l’obturateur est un coup de feu. Tout est affaire du « bon moment » pour appuyer sur la gâchette.
Un coup d’œil à la photo de jeunes mariés montant les marches des quais de Seine et les premières notes de « Stairway to Heaven » de Led Zeppelin résonnent à nos oreilles. La photographie n’est plus seulement une image, elle devient un récit. Comme l’énonce si bien l’historien Fabrice d’Almeida: « La ville d’Alexis Duclos porte notre mémoire. Elle la métamorphose en objet d’art. »
Iris Mandret
Iris Mandret est journaliste au magazine « Blind », basée à Paris, passionnée par l’univers de la photographie.